lunes, 3 de septiembre de 2012


Des géraniums transgéniques bientôt sur nos balcons

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Par Yves MisereyMis à jour  | publié  Réactions (46)
Originaires d'Afrique du Sud et introduits en Europe par les Hollandais au XVIIe siècle, le géranium est désormais cultivé dans le monde entier.
Originaires d'Afrique du Sud et introduits en Europe par les Hollandais au XVIIe siècle, le géranium est désormais cultivé dans le monde entier. Crédits photo : plainpicture/Westend61/plainpicture/Westend61
Ces variétés dépourvues de pollen fleurissent plus longtemps et ne provoquent pas d'allergies.

Les fleurs transgéniques pourraient avoir des caractéristiques intéressantes et inattendues pour les amateurs de jardinières et bouquets.

Des chercheurs espagnols viennent de mettre au point des géraniums qui dépérissent moins vite, dotés d'une ramification plus ramassée et compacte, de feuilles plus nombreuses et de fleurs aux couleurs plus intenses. Utilisant toutes les potentialités du génie génétique, ils ont aussi obtenu d'autres variétés dont les fleurs sont dépourvues de pollen, et donc susceptibles de ne plus gêner les personnes souffrant d'allergies. L'absence de pollen a également le double avantage d'allonger la durée de floraison et d'éviter tout risque d'hybridation avec des espèces de géraniums sauvages.

L'équipe espagnole, dirigée par Luis Antonio Canas, de l'Institut de biologie moléculaire et cellulaire des plantes, à Valence (Espagne), a travaillé sur le géranium droit et le géranium lierre, les plus communément cultivés en France. Leur étude est publiée dans la revue en accès libre BMC Plant Biology.

Originaires d'Afrique du Sud, les géraniums cultivés - il en existe plus de 200 espèces appartenant au genre Pelargonium - ont été introduits au XVIIe siècle en Europe par les Hollandais. On en trouve désormais partout dans le monde. Ils se cultivent en pot ou dans des jardinières sur le bord des fenêtres, ou en bordure dans certains jardins.
Bactérie pathogène

La sélection classique a permis de développer toute une gamme de formes et de couleurs des fleurs, du blanc au rose en passant par l'orange, le rouge et le violet. La durée de floraison a été accrue et la plante est devenue résistante à de nombreux ravageurs.

Les chercheurs, rattachés à des instituts de Madrid et de Valence, ont utilisé une technologie rodée depuis plusieurs années, mais ils ont mis en place un nouveau protocole qui leur a permis d'obtenir un taux de réussite de 80 % et 90 %. «Notre méthode est très efficace sur le géranium», confirme Luis Antonio Canas. Des cellules prélevées sur une plante sont cultivées in vitro dans un milieu enrichi. À ce stade, les gènes d'intérêt sélectionnés (longue durée de vie et mâle stérile) sont introduits dans la future plante via une bactérie du sol (Agrobacterium tumefaciens). Dans la nature, ce micro-organisme, responsable de la galle du collet, est pathogène pour les plantes. Mais, en laboratoire, c'est un vecteur de gène hors pair. Les cellules végétales étant totipotentes, elles sont capables de régénérer une nouvelle plante entière avec des feuilles, des tiges et des racines.

À ses débuts, la transgénèse semblait très prometteuse pour le marché des fleurs. Plusieurs programmes de recherches furent lancés pour produire de nouvelles couleurs ou de nouveaux parfums, mais à partir d'une autre plante plus facile à transformer, le pétunia. «Techniquement, ce n'est pas très difficile et cela permet d'introduire des caractères que les pépiniéristes ne pourront jamais obtenir car cela leur demanderait un équipement trop coûteux et du personnel très qualifié», explique au Figaro Eran Pichersky, de l'université du Michigan, et auteur de plusieurs publications sur le sujet.

Pourtant, les choses avancent très timidement. À ce jour, la seule entreprise qui commercialise des fleurs transgéniques est japonaise. Dirigée par Yoshikazu Tanaka, la firme Suntort s'est fait connaître en 2008 en sortant sur le marché une rose bleue, suivie depuis peu par des œillets de même couleur. Des chercheurs japonais ont recensé récemment toutes les possibilités que pourrait offrir la transgénèse dans la production de nouvelles orchidées (Scientia Horticulturae, octobre 2011). Ils soulignent toutefois que c'est seulement dans le domaine de la résistance aux maladies virales qui déciment cette famille de plantes que des projets pourraient aboutir.

Sans surprise, le frein est économique. C'est vrai pour l'amélioration des couleurs, mais plus encore pour les parfums. «Il est possible de renforcer ou d'ajouter de nouvelles senteurs, mais les firmes qui ont fait des études de marché ont vu que personne n'est prêt à payer plus cher des fleurs aux fragrances pourtant exquises», regrette Eran Pichersky. «Il devrait y avoir un marché dans un avenir très proche pour les fleurs transgéniques, estime au contraire Luis Antonio Canas. L'allongement de la durée de floraison devrait notamment intéresser aussi bien les horticulteurs que les amateurs de fleurs.»

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