lunes, 27 de agosto de 2012


Comment les immenses centrales à charbon chinoises aggravent la crise de l’eau



Dix milliards de mètres cubes d'eau, soit un quart du volume du Huang He, le second plus long fleuve chinois. C'est ce que vont engloutir chaque année les 16 immenses centrales à charbon que la Chine est en train de construire dans le nord du pays, déclenchant ainsi une sévère crise de l'eau dans ces contrées des plus arides, préviennent des experts de Greenpeace.




Selon un rapport de l'ONG, Thirsty Coal : A Water Crisis Exacerbated, ces centrales d'une capacité totale installée de 600 gigawatts, qui doivent être achevées en 2015, s'avéreront cruciales pour un pays dont la croissance effrénée, et donc la soif d'énergie, repose à 70 % sur ce combustible fossile.


Pour les alimenter, Pékin prévoit de stimuler la production de charbon dans le nord du pays, dans des provinces telles que la Mongolie intérieure, Shanxi, Shaanxi et Ningxia, où la production devra atteindre 2,2 milliards de tonnes, soit 56 % de la production prévue du pays de 3,9 milliards de tonnes d’ici 2015.


La contre-partie de ce boom énergétique, c'est la gigantesque consommation d'eau : 9,975 milliards de m3 seront ainsi engloutis en 2015 par les centrales et les mines, soit 27 millions de m3 par jour, ce qui correspond à un cinquième de la consommation quotidienne nationale en 2009, selon cette enquête de l'Institut chinois des sciences et des ressources naturelles, commandée par Greenpeace. Environ deux-tiers de cette énorme quantité d'eau sera utilisée pour extraire le combustible, le reste servant à faire fonctionner les centrales électriques, notamment à l'aide de barrages.


En conséquence, les provinces du Nord verront leur capacité d'approvisionnement en eau fortement menacée dans trois ans, entraînant des pénuries pour l'agriculture, la consommation des habitants et le fonctionnement des écosystèmes.


Selon l'ONG, les centrales à charbon existantes sont déjà en train de conduire à une désertification de la région. Une récente enquête a ainsi révélé que la superficie affectée par la désertification atteignait 3,98 millions d'hectares au début des années 2000, contre 2,10 millions dans les années 1980. Les ressources en eau par habitant dans ces régions représentent seulement un dixième de la moyenne nationale.


"Dans cette partie du pays, même une seule goutte d'eau est trop précieuse pour être gaspillée. La Chine est en train de vendre le droit de millions de personnes à avoir accès à l'eau pour l'énergie", déplore Li Yan, directeur de campagne énergie et climat de Greenpeace Asie de l'Est.


 

"Sans compter les énormes émissions de gaz à effet de serre que provoquent ces centrales, et les poussières qui entraînent une pollution dangereuse pour la santé", ajoute-t-il.


"Pour la Chine, l'énergie est vitale, mais l'eau est la vie. Alors que l'énergie peut être, et est déjà générée par des sources renouvelables, l'épuisement de l'eau, lui, est irréversible, poursuit Li Yan. Le gouvernement chinois doit trouver un moyen de sortir de ce dilemme et de protéger cette ressource vraiment indispensable."


Greenpeace exhorte alors Pékin à procéder à une évaluation rigoureuse de l'offre et de demande en eau, et de reconsidérer son plan énergétique, en fonction la taille et l'emplacement des mines et des centrales électriques.

Audrey Garric

Suivez mon blog sur Facebook et sur Twitter : @audreygarric.

Photos : Lu Guang / Greenpeace

No hay comentarios:

Publicar un comentario